Reprenant une information diffusée par la Gazette d’Auvergne, l’édition du 13 février 1838 du journal La Quotidienne décrit par le menu la tentative d’assassinat (qui s’avèrera réussie) à l’encontre du curé de Sauxillanges, un dénommé Rochefort :
Une horrible tentative d’assassinat vient de porter l’effroi et la douleur dans la commune de Sauxillanges (Puy-de-Dôme). Voici les détails qu’on nous transmet à cet égard : Mardi dernier, 6 du courant, le nommé Gerle aîné s’introduisit, armé d’un fusil à deux coups, dans le presbytère. Arrivé à la porte d’un appartement où était assis M. le curé avec son vicaire, il couche le premier en joue, en lui criant : « Je te tiens cette fois, gueux ; tu ne m’échapperas pas. » Heureusement le fusil rate. Mais les mouvements de l’assassin sont si prompts que ni M. le curé, ni son vicaire n’ont le temps de se mettre en mesure de prévenir un second coup ou d’y échapper. Gerle, en effet, ajuste de nouveau M. le curé et l’atteint d’une balle au-dessus de la joue droite. La balle a pénétré dans la bouche et est venu sortir, tout aplatie, au-dessous de la mâchoire. Cette blessure très grave et qui a menacé de si près les jours du respectable curé, donne encore des craintes qui, nous l’espérons, se dissiperont bientôt. Cependant le meurtrier avait profité de l’effroi causé par son horrible action pour se retirer assez tranquillement par une porte de derrière qui lui avait servi à s’introduire. Mais l’autorité prévenue immédiatement donna les ordres les plus prompts, et le coupable fut arrêté très peu de temps après son crime. Il avait eu la précaution de recharger son fusil, et avait, de plus, dans ses poches, une paire de pistolets également chargés, et, en outre, de la poudre et des balles mâchées, il a été immédiatement transféré dans les prisons d’Issoire. Aussitôt que le meurtre fut connu, les habitants se portèrent en masse au presbytère, et chacun à l’envi s’empressa de témoigner au vénérable curé sa douleur et ses regrets, et de lui prodiguer tous ses soins. Les pauvres, dont le bon curé était le père, le pleuraient et accablaient d’anathèmes son assassin. Ces témoignages unanimes d’affection ont vivement touché cet excellent prêtre, et ne peuvent que resserrer encore davantage les liens qui l’unissent à ses paroissiens. Personne, au reste, ne saurait être plus digne d’un pareil attachement, car toute la vie, tous les instants du curé de Sauxillanges sont employés à faire le bien de toutes manières. Nous tiendrons nos lecteurs au courant des suites de cette affaire. (Gazette d’Auvergne.)
Quelques jours plus tard, le journal L’Hermine (édition du 21 février 1838) nous apprend que le curé Rochefort a succombé le 10 (février) à ses blessures : « C’est le second prêtre du diocèse de Clermont qui, dans l’espace d’un an, a été victime d’un horrible guet-apens. La mort de M. Rochefort rappelle celle du respectable et savant M. Dubois, curé de Saint-Nectaire. »
Les registres d’état civil de Sauxillanges font effectivement état du décès de Marie Antoine Rochefort le 10 février 1838 à l’âge de 71 ans.
Les journaux mentionnés ci-dessus sont consultables sur : www.retronews.fr