Au détour d’un chemin campagnard, près de Brenat, surgit un petit château à tourelles moyenâgeuses plaquées dans la plus pure tradition. Treydieu, ancien monastère, « trois dieux » pour symboliser la trinité. Sans doute une légende, aucun fait précis, aucun écrit, aucune bibliothèque historique n’en détiennent la preuve.
Des familles prestigieuses
Depuis les origines de la seigneurie, de prestigieuses familles ont occupé les lieux. La toute première connue est la lignée « de la Salle de Tredieu » ; ancienne famille chevaleresque connue depuis 1010, originaire d’Auvergne, Languedoc et Bourgogne dont plusieurs membres seront remarqués au cours des siècles :
- Godefer de la Salle, célèbre navigateur, explorateur de l'Afrique méridionale (1390)
- Pierre de la Salle, abbé de Tauves,chargé par François 1er de la ratification des Traités de Madrid et de Cambrai
- Jean de la Salle, évêque de Lescar en 1519
- Claude de la Salle, grand Maréchal de l'ordre de Malte en 1596, ambassadeur de France à Venise et Constantinople.
En 1647, les « de la Salle » s’allient par mariage aux « de Damas ». Claude de Damas est écuyer, seigneur de Colombette et du Buisson, major du régiment de chevaux légers du baron de Canillac ; il sert sous les ordres du Prince Thomas de Savoie.
Dans la lignée des « Damas », Alexandre né à Treydieu en 1755, aura une destinée hors du commun : entré comme page dans la maison de la Dauphine, il devient ensuite sous-lieutenant dans le régiment d’Orléans-Dragon, puis Capitaine. Promu Colonel au régiment de Beauvaisis en 1788, il reçoit la croix de St-Louis. Démissionnaire en 1792, il rejoint le prince de Condé jusqu’en 1801. Maréchal de camp, il est nommé lieutenant-général des armées du roi par une ordonnance en 1814, puis commande l’infanterie royale de Louis XVIII réfugié à Gand. Son fils René Adolphe est officier au service du roi d’Angleterre.
La Révolution
Lors de la Révolution, la seigneurie de Treydieu devient bien national. La demeure est acquise par Marc Malbet le 3 Ventôse de l’an VII (novembre 1799), puis passe à sa fille, épouse de Jean Baptiste Bathol, puis à son fils sans descendance qui le transmet par testament en 1851 à son héritière universelle Émilie Pinchon.
Cette agréable demeure est acquise en 1861 par Benoît Fabre de St-Mande fils de Jean Emmanuel et de Jeanne-Rose Posdvigne de Bouchâtel et deviendra la résidence principale de cette lignée durant 150 ans.
Ce n’est que très récemment que leurs descendants, la famille « de Breuvand », ont revendu Treydieu à M. J. M. Caufment, originaire de Lorraine, et domicilié à Paris..
Un exemplaire de la machine arithmétique de Pascal
Le génie de Blaise Pascal n’est pas seulement enfermé dans quelques livres additionnés de notes savantes ou dans l’énoncé de découvertes scientifiques majeures ; quelques objets rappellent l’extraordinaire capacité d’invention du philosophe.
En 1645, le jeune Blaise Pascal, après trois ans de recherches, met au point la première machine à calculer mécanique avec report automatique de la retenue. Son but : aider son père Étienne, alors intendant des finances de Haute Normandie.
Construite en cuivre et logée dans un coffret de bois noir, la machine arithmétique porte les armes de la famille Pascal : d’azur à l’agneau pascal d’argent tenant sa banderole de même croiseltés de gueules.
Les armes de la famille PASCAL
D'azur à l'agneau pascal d'argent tenant sa banderole de même croiseltés de gueules.
La ville de Clermont-Ferrand possède deux des huit originaux de la première machine à calculer automatique inventée par Blaise Pascal :
- un premier exemplaire issu d’un legs de Marguerite Périer, nièce et filleule de l’inventeur. Présentée au musée Lecoq, ce modèle sert pour les comptes abstraits, donc une machine arithmétique. Il existe d’autres exemplaires utilisés pour les comptes monétaires (livre, sol, denier) ou pour les mesures de longueur de l’époque (toise, pouce, pied, ligne).
- un deuxième exemplaire : la machine du chevalier Durant-Pascal, acquise par la ville en 1985 et exposée au musée Roger Quillot.
La famille de Pascal, originaire d’Ambert, avait été anoblie par Louis XI en 1480. Elle tint d’importantes fonctions dans la magistrature et fut extrêmement nombreuse pour finalement s’éteindre à la fin du 18e siècle dans toutes ses ramifications. Les descendants d’Anne Pascal, dernière de ce patronyme, épouse de Jean Baptiste Durant, alliés aux puissants seigneurs de Champflour de St-Yvoine, aux Chalier de Laiser, conservèrent précieusement la fameuse machine à calculer. C’est ainsi que par le jeu des alliances et des héritages, la famille de Breuvand, propriétaire du château de Treydieu, possédait cette fameuse « machine arithmétique » de Pascal. Certainement l’exemplaire du chevalier Durant-Pascal.
Sources
Revue d'Auvergne 2020, textes de N. Vidal, responsable du Département des Sciences et Techniques au Muséum Henri-Lecoq, D. Descotes, Professeur Emérite des Universités, ancien directeur du Centre International Blaise Pascal
Historique de Treydieu : texte Bertrand de Breuvant (8 mai 2013)
Revue non identifiée intitulée "Trésor du château de Treydieu"