L’usage des pigeons voyageurs pendant la Grande Guerre

Georges Francisque Déchamp, affecté, après avoir été  blessé, au Centre d’instruction du Camps des plaine à Boulouris-sur-Mer dans le Var comme instructeur du 64e Bataillon sénégalais rédige un petit carnet de cours consacrés à de multiples sujets tels que les notions de base d’électricité, le morse… mais aussi l’usage des pigeons voyageurs (« PV ») :

« A défaut de tube porte dépêches on pourra attacher un bout de tuyau de plume d’oie à l’une des plumes de la queue du PV au moyen d’un fil de laiton ou de soie qui le traversera de chaque côté, on bouchera celle-ci avec de la cire. Comme point d’attache choisir une plume de nouvelle venue qui se distingue des autres par son brillant et qui est plus solide. Les Allemands au lieu de plumes d’oie emploieraient paraît-il les plumes qui tombent du corps de l’oiseau PV. Ils obtiendraient ainsi un récipient semblable aux plumes du PV qui pourrait de cette façon s’il tombe entre les mains des ennemis ne pas laisser découvrir le message dont il est porteur. » […]

« Pour éloigner les PV des oiseaux de proie teindre à froid les plumes du corps et de queue du PV avec une infusion de tabac dissout avec de l’urine à 50 degrés. On peut aussi placer autour des pigeons quelques sifflets très légers dont le son produit par l’air effarouchera les faucons.

Ces défenses n’empêchent en tous cas au PV de tomber sous le plomb de l’ennemi communiquant involontairement le contenu des dépêches dont il est porteur. Donc nécessité de faire confirmer les messages par plusieurs lâchers et d’employer le langage chiffré dans les relations établies. »